Le paysage de l’épargne retraite change : les entreprises passent d’une logique de préretraite à une logique de post-retraite. La réforme des retraites les oblige à informer leurs salariés sur l’ensemble des dispositifs existants et les incite à proposer de nouvelles formules, souvent individualisées. La gestion des seniors devient de plus en plus complexe.
« Si aucune action n’avait été entreprise le déficit annuel de l’assurance vieillesse se serait élevé à 115 milliards d’euros en 2050 dans le scénario pessimiste. L’impasse financière dans laquelle nous nous trouvons nécessitait une réforme des retraites. Une réforme paramétrique a été choisie, c’est-à-dire que seuls les paramètres de la structure actuelle ont été modifiés. Nous entrons dans une période transitoire de 5 ans et un bilan devait être effectué en 2013 pour revoir l’ensemble du dispositif et prévoir une réforme systémique qui reverra l’intégralité des différents régimes », prévient Simon Desrochers, directeur du cabinet Towers Watson.
La réforme de 2010 fait passer l’âge d’ouverture des droits de 60 à 62 ans. Par ailleurs, l’âge auquel un salarié peut obtenir une pension à taux plein passe de 65 à 67 ans, quelle que soit sa durée de cotisation. La durée des cotisations avait précédemment été modifiée par la loi Fillon de 2003. Pour obtenir un taux plein, elle sera de 41 ans en 2012. Il est logique qu’elle soit augmentée dans les années à venir car elle est étroitement liée à l’espérance de vie. Un décret, passé inaperçu et publié fin 2010, stipule que les générations nées en 1953 et 1954 vont subir un allongement de la durée des cotisations. Elles devront cotiser pendant 165 trimestres au lieu de 164.
Quel impact sur la gestion des ressources humaines ?
La dégradation inévitable des régimes de base engendre peu à peu une implication croissante des entreprises dans la préparation des retraites des collaborateurs, notamment par l’épargne. Et les collaborateurs seniors vont être de plus en plus nombreux dans l’entreprise. La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) de 2009 a imposé aux entreprises de plus de 50 salariés de mettre en place un accord ou plan d’action pour maintenir dans l’emploi ou embaucher les seniors sous peine d’une pénalité équivalente à 1% de la masse salariale. La France est le pays où le nombre de salariés au travail de plus de 55 ans est le plus faible : le taux d’activité est inférieur à 40%. Parallèlement, la durée de vie allonge ; les Français gagnent un an de vie tous les quatre ans. À noter qu’à l’heure actuelle, il est impossible de mettre un collaborateur d’office à la retraite avant l’âge de 70 ans.