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De nombreuses entreprises européennes sont mal préparées au passage au travail flexible et doivent mettre davantage l’accent sur l’expérience des salariés, leur bien-être et l’adaptation de l’organisation du travail. Les entreprises européennes prévoient que dans trois ans, près d’un tiers de leur effectif (29 %) travaillera encore à domicile, ce qui ne constitue pas un grand changement par rapport au niveau actuel de 38 %, dû à la pandémie, selon une étude Willis Towers Watson, cabinet spécialisé dans le conseil en ressources humaines, menée auprès de 279 DRH. L’enquête montre que, même si certains salariés retourneront au bureau une fois qu’il sera plus sûr de le faire, le travail à distance, qui s’appliquait à seulement 6 % des salariés il y a trois ans, est considéré dorénavant comme un changement qui va s’inscrire dans la durée. « L’essor soudain du travail à domicile deviendra un changement permanent, avec de nombreux avantages pour les entreprises comme pour leurs collaborateurs », déclare Laurent Termignon, Directeur de l’activité Talent & Rewards en France au sein de Gras Savoye Willis Towers Watson en France.« Les entreprises constatent que des modalités de travail flexibles peuvent stimuler la productivité, attirer les talents et soutenir la diversité. Le défi pour les entreprises est maintenant de repenser la manière dont le travail est conçu et reconnu. » De nombreux salariés craignent que le travail à distance n’entraîne une délocalisation de leurs emplois vers d’autres pays. D’autres craignent que les employeurs les rémunèrent en fonction de leur lieu de résidence – un changement que certaines grandes entreprises envisageraient. L’enquête révèle que 85 % des employeurs paieront les travailleurs à distance de la même façon que les salariés sur site l’année prochaine, quel que soit leur lieu de travail. Seuls 5 % ont déclaré qu’ils rémunéreraient le salarié à distance en fonction de la ville ou de la région où il est basé. 39 % disent ne pas se soucier de l’endroit où le travail est effectué. Les entreprises envisagent toutefois de procéder à un transfert limité d’emplois vers d’autres pays. En moyenne, les entreprises s’attendent à ce que 14 % des postes actuellement occupés dans le cadre de régimes de travail flexibles soient délocalisés vers d’autres pays au cours des trois prochaines années. A l’inverse près d’un tiers des entreprises (29 %) déclarent qu’elles ne délocaliseront aucun de ces emplois. Malgré le recours à des niveaux élevés de travail à distance prévus à l’avenir, de nombreuses entreprises ne sont pas préparées. Seules 14 % d’entre elles ont déclaré que leur organisation actuelle favorisait le développement de modes de travail flexibles et agiles, tandis que 30 % ont déclaré qu’elle ne le permettait pas du tout. Plus d’un tiers (34 %) des employeurs n’ont toujours pas de politique officielle pour gérer les modalités de travail flexibles. « Le Covid19 a accéléré une tendance existante vers le travail flexible ; les employeurs doivent maintenant rattraper leur retard. L’organisation du travail, la manière dont il est effectué, les lieux où il est réalisé restent encore souvent fondés sur un regroupement géographique des salariés. Cette évolution doit être accompagnée pour capitaliser sur les avantages de la flexibilité », analyse Laurent Termignon. « Il faut dès à présent intégrer les possibilités du travail flexible dans la manière dont les entreprises se projettent. Le recours, maîtrisé et organisé, à la flexibilisation est un réel levier pour motiver et engager les salariés, accéder à des compétences critiques, favoriser l’agilité et l’innovation et ainsi réussir les projets de transformation »,conclut-il. Méthodologie L’enquête » Flexible Work and Rewards » a été menée entre septembre et octobre 2020 à l’aide d’un questionnaire en ligne adressé à 279 DRH d’entreprises de toutes tailles et industries confondues, situés en Europe. |