Synthèse des résultats de deux études menées par l’Institut de Médecine Environnementale (IME) et l’Observatoire de la Vie au Travail (OVAT), et rendues publiques le jeudi 23 septembre au siège de l’Express. Le stress est plus que jamais omniprésent dans les entreprises. Après enquête, les TPE ont le plus de travailleurs zen. Quelques astuces donc pour mettre en place la « TPE attitude ».
Les Français sont stressés. On le sait. Pourquoi ? Les études conjointes de l’IME et l’OVAT démontrent que le stress est inhérent à l’environnement au travail mais également à des aspects purement humains. Les enquêtes effectuées auprès d’environ 7 000 salariés permettent ainsi de donner quelques indicateurs de mesure sur la performance sociale et les risques psychosociaux en entreprise.
L’environnement au travail dégradé par le manque de proximité des dirigeants
60% des salariés évaluent défavorablement le climat social. La cause principale est le manque de proximité de la direction et des centres de décision. Par ailleurs, ils se trouvent régulièrement soumis à des ordres et contre-ordres, ce qui est assez déstabilisateur. Ils sentent par ailleurs que leur évolution professionnelle n’est pas aboutie.
65% des salariés se sentent exposés au stress. Indicateur le plus négatif cette année. La qualité managériale est jugée insuffisante par 58% d’entre eux. La capacité des managers à réguler l’équipe est remise en cause. Les études montrent que les salariés sont très mécontents de la proximité des managers avec leur préoccupation quotidienne.
Pourtant 51% des salariés gardent un bon moral au travail et 3 collaborateurs sur 4 restent impliqués (74,3%). La valeur travail est évoquée positivement par 2/3 d’entre eux. Les salariés qui produisent des maux sont cependant en croissance, 22% contre 18% l’an dernier.
Profil du travailleur stressé
C’est un employé ou ouvrier de 6 à 15 ans d’expérience. Il possède un contrat de travail. Les collaborateurs les plus stressés apartiennent aux PME, de 50 à 250 salariés, ou à la fonction publique. Le secteur d’activité le plus touché est le service. Le poste de l’individu stressé est généralement mal défini ou mal encadré. Son manager ne sait pas communiquer. Le stress est également généré par un manque de reconnaissance. Généralement, ce sont les hommes qui sont stressés !
Profil du travailleur zen
C’est un décideur (cadre supérieur ou dirigeant). Il est indépendant. Cela signifie que le fait de ne pas avoir de lien de subordination est un facteur de bien-être social ! Le travailleur zen est plutôt junior et embauché dans une TPE. Il a une grande implication et une valeur travail très forte. A contrario avec le salarié stressé, le collaborateur zen occupe un poste très défini et son manager est un bon communicant. Il le reconnaît dans son travail. Généralement, il s’agit d’une femme.
« Adopter la PME ou la TPE attitude »
Les entreprises doivent par conséquent adopter « la TPE attitude » !
Transparence, proximité et enthousiasme.
La transparence se situe sur deux dimensions : au niveau de l’organisation et au niveau du rôle de chacun. « Que dois-je faire » , « Pour qui ? », « Dans quel but ? ». La plainte incessante des salariés se fixe sur la rigidité des méthodes de travail.
La proximité. La gouvernance doit être proche des salariés. Il faut donner une direction globale et des objectifs clairs. Il faut donner une signification à ce que l’on fait. Les salariés soulignent souvent l’incohérence et l’absurdité du travail. L’entreprise doit leur donner une finalité existencielle. Leurs motivations principales sont bien souvent le plaisir et l’argent.
L’enthousiasme. Il est important que les salariés se sentent bien dans leur poste. S’ils sont enthousiastes, ils vont créer une coopération collective. L’enthousiasme permet de susciter l’ajustement mutuel. Seuls les salariés sont capables d’ajuster les problématiques liés aux aléas. Il leur faut une autonomie et une latitude d’action pour avoir la possibilité d’agir sur le travail prescrit.
Face à un problème, 53% des personnes interrogées se disent « stressables ». 67% d’entre elles s’estiment plus stressées que leurs collègues. 60% des individus vont jusqu’à être malades. 52% des salariés se disent stresser pour rien. La moyenne est à 58% des salariés stressés au travail.
L’organisation doit être biocompatible
La biocompatibilité signifie que le poste et l’organisation sont compatibles avec le fonctionnement humain. Les enquêteurs ont expliqué le stress au travers de la dimension individuelle, de la dimension organisationnelle et de la dimension managériale. Ils ont dissocié le stress cognitif du stress pathologique.
Dans le stress cognitif, la dimension individuelle l’emporte. Le manager ne peut rien y faire. Par contre, le stress pathologique est fortement relié à l’organisation.
Lorsque le stress est relié à la dimension individuelle, le sujet manque d’affirmation, a une motivation liée aux résultats, un certain état d’esprit. Il faut faire du bon management des différents profils afin de protéger les individus du stress. Il faut prendre en compte la dimension « bio organisationnelle ». L’entreprise doit par conséquent être compatible avec le fonctionnement humain.
Le stress et la dimension organisationnelle : pour chaque tâche à effectuer, le collaborateur doit disposer du pouvoir décisionnel lié et de la responsabilité qui va avec. Il faut qu’il puisse être au coeur de sa fonction et non pas effectuer les tâches du n+1, du n-1 ou de ses collatéraux. Il faut éviter que le salariés soit à la fois juge et partie afin d’éviter une compétition déloyale pour les sujets les plus honnêtes sur leur performance.
Le stress pathologique dépend des 3 dimensions. Les intervenants ont insisté sur le fait que le poste devait être « biocompatible ». Les rapports de force augmentent la stressabilité et réduisent les capacités d’adaptation. Devant le changement, les salariés sont stressés car ils ne peuvent pas y faire face. Si le manager ne crée pas la confiance, cela crée beaucoup de stress pathologique.
Christel Lambolez
Préconisations de l’IME à l’ »Entreprise France » :
– « réduire le management par le stress, la culture de compétition, les rapports de force, tout en apprenant à mieux gérer
– s’appuyer davantage sur les motivations personnelles et l’intelligence adaptative. Construire des postes « biocompatibles »
– développer une circulation de l’information ouverte
– mettre en cohérence les pouvoirs et les responsabilités
– se rencentrer sur les coeurs de fonction »
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