Pour recruter ces talents issus des zones prioritaires, il faut aller sur le terrain. Mais l’insertion nécessite un véritable engagement de l’entreprise en matière d’accompagnement.
Les entreprises doivent-elles se substituer à l’école ?
Depuis de nombreuses années, des réflexions sont menées pour insérer les jeunes des quartiers sensibles. La France connaît un échec scolaire important : près de 20 % des jeunes sortent chaque année du système éducatif sans diplôme ni qualification.
Ainsi, le taux de chômage des jeunes est proche de 23 % et ce sont bien entendu les moins qualifiés qui sont les plus touchés. D’après l’Institut Montaigne, trois ans après leur sortie du système scolaire, 40 % des non-diplômés recherchent un emploi, contre 9 % des diplômés du supérieur. Selon l’OCDE, les jeunes « décrocheurs » (ni scolarisés ni en emploi) représentent 11 % de leur classe d’âge. Des populations qui pourraient pourtant répondre aux besoins des entreprises. À condition qu’elles soient bien formées !
Des expériences prometteuses
Benjamin Blavier, délégué général de l’association Passeport Avenir, a créé cette structure au début des années 2000 lorsqu’il était directeur responsabilité innovation sociale chez SFR. Les jeunes étaient parrainés pour devenir ingénieurs télécom.
Aujourd’hui, l’association a pris de l’ampleur et conduit chaque année près de 800 d’entre eux à des diplômes de commerce ou d’ingénieurs. Treize entreprises se sont mobilisées dont la SNCF, Accenture, Orange ou encore Atos pour intervenir dans une cinquantaine de lycées et nouer des relations avec une soixantaine de grandes écoles et universités. Au total, 11 000 bénévoles (tuteurs, référents, professeurs, etc) œuvrent à ces rapprochements.
Comprendre leurs inhibitions
Il s’agit d’aider ces talents des quartiers sensibles à mieux comprendre l’entreprise, ses métiers, ses codes, et à développer leur réseau professionnel. Dans une étude publiée en juin 2012, l’Acsée (l‘Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances) explique les causes de leurs difficultés d’insertion. Tout d’abord, l’accessibilité géographique des emplois. Moins autonomes car plus dépendants des transports en commun, ces jeunes ont l’habitude de concentrer leurs activités autour de leur domicile. Ensuite, la disponibilité, car ils sont gênés à cause d’un milieu familial difficile.
Par ailleurs, dénicher de futurs collaborateurs issus de ces quartiers reste un exploit. Car les jeunes se rendent peu sur les sites d’emploi, et méconnaissent les méthodes de recherche d’emploi, sans compter qu’ils craignent pour la plupart le refus de leur candidature. Les plus hardis, qui tentent quand même leur chance, se découragent vite face au processus de recrutement souvent long et complexe. Certains d’entre eux souhaiteraient avoir une relation personnalisée avec un adulte qui l’accompagne sur le chemin tortueux de la recherche d’emploi.
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